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l88 MEMOIRES OE PIERRE UE LESTOILE.
temps en seureté en la bonne grace des Seize, pendant qu'il donneroit ordre aux affaires de l'autre costé. Mais il y fust pris, comme sont volontiers ceux de sa qualité qui en un grand trouble d'Estat comme le nostre tiennent un parti neutre, et regardent de quel costé il fera meilleur pour eux, consultans tousjours, et ne re-souldans rien qu'à l'extrémité, qui ne leur permet ordinairement de se pouvoir sauver.
Le jeudi quatorzième novembre 1591, le conseil secret s'assembla le matin ches Launoy, où on tient que la piteuse tragœdie qui s'en ensuivist le lendemain fust conclue et arrestée, et laquelle toutefois n'estoit que le commencement d'une plus sanglante qui se devoit jouer, où ils avoient resolu ( si Dieu ne les eust empeschés ) faire jouer un piteus rolle sur un eschaf-faud à un bon nombre des plus apparans de Paris, de la qualité du president Brisson et de ses compagnons; puis donner curée du reste au peuple, l'animant au sang et au pillage, pour faire ùne Saint-Berthelemi de politiques à Paris. Mais Dieu, qui est bon et juste, les fist tomber en la fosse qu'ils avoient préparée aux autres.
Ce jour, Salé, procureur en parlement, mena au logis du president Brisson un honneste homme qui se mesloit de descouvrir les Seize, et sçavoit beaucoup de leurs affaires; lequel ledit Brisson connoissoit aussi fort bien, et Padvertist de se donner garde, pour ce qu'il sçavoit par eux mesmes qu'en leur derniere assemblée ils s'estoient resolus d'avoir raison de l'injustice qu'ils pretendoient avoir esté faite au procés de Brigard, et estoient délibérés d'en saisir et appréhender les juges, et particulierement lui, auquel ils en vouloient par dessus tous les autres; et que leur entreprise estoit fort
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